Le parachutage politique n’est pas une pratique spécifique à la Bretagne, mais il présente dans cette région certaines particularités. Fortement marquée par le catholicisme et restée longtemps conser-vatrice, la péninsule bretonne a été pendant un peu plus d’un siècle un terrain d’atterrissage favorable à la droite. D’Albert de Mun en 1876 à Bernadette Malgorn en 2010, de nombreuses personnalités politiques extérieures sont ainsi venues s’y faire élire : Raymond Marcellin à Vannes, Yvon Bourges à Dinard, Edmond Michelet à Quimper, Olivier Guichard à La Baule, Michel Cointat à Fougères, Pierre Lelong à Morlaix, Guy Guermeur à Douarnenez, Paul Anselin à Ploërmel, Alain Madelin à Redon, etc., le seul échec notoire étant celui de Pierre Messmer à Lorient en 1967.
Mais l’évolution politique de la Bretagne vers la gauche depuis la fin des années 1970 change profondément les données. Rendus désormais plus difficiles, les parachutages de droite sont en nette diminution sans pour autant être remplacés par d’autres parachutages, la gauche bretonne faisant de préférence appel à des militants locaux dans les différentes élections. Serait-ce la fin des parachutages en Bretagne de grands technocrates et de hauts fonctionnaires parisiens ?