Avec La Pierre de Lune, William Wilkie Collins (1824-1889) a sans doute inventé le roman policier moderne. Contemporain et ami de Dickens, avec lequel il écrivit plusieurs nouvelles, cet écrivain prolifique et généreux est aussi un maître des atmosphères mystérieuses. Coïncidences tragiques, pressentiments et prémonitions jouent souvent un rôle primordial dans les intrigues tortueuses de ses romans.
Aux côtés d'Armadale, de La Femme en blanc et de La Pierre de Lune, ses œuvres les plus connues, L'Hôtel hanté, publié pour la première fois en 1879, est un modèle du genre. La comtesse Narona, héroïne à la fois maléfique et pitoyable — une combinaison familière à Collins, créateur des personnages de "méchants" les plus complexes de la littérature victorienne — épouse en des circonstances douteuses un lord anglais. L'Hôtel hanté raconte, avec l'ironie et le brio habituels de l'auteur le mystérieux destin de ce mariage contre nature, depuis un cabinet médical de Harley jusqu'aux chambres trop hâtivement rénovées d'un hôtel de Venise…
Apparitions, alchimies maléfiques, fièvre et folie habitent jusqu'à son tragique dénouement ce roman.
Fils d'un peintre réputé, William Wilkie Collins découvre très jeune l'Italie et la France. La carrière légale, à laquelle sa famille le destine, ne le tente guère et il publie en 1850 Antonia, un roman historique.
L'année suivante, il rencontre Charles Dickens et collabore, comme nouvelliste et éditeur, à ses deux magazines, Household Words et All the year Round, où paraîtront deux de ses romans les plus célèbres, La Femme en blanc et La Pierre de Lune.
Jusqu'à sa mort, en 1889, il écrit plus de vint-cinq romans, dont la plupart seront également adaptés au théâtre et traduits dans de nombreux pays.