Nouvelles
Lorsque ce court roman paraît en 1935, (presque) personne ne se doute que derrière le pseudonyme John Flanders se cache Jean Ray. C’est l’une des facettes surprenantes de ce premier roman de l’auteur, rédigé en néerlandais, à l’ombre de l’abbaye d’Averbode. Il se différencie nettement de la littérature pour jeunes catholiques de l’époque, marquée par une bondieuserie et un paternalisme excessifs. Plus d’un Père blanc aura pâli en lisant ces pages d’un réalisme brutal traitant des conditions épouvantables dans lesquelles des orphelins vécurent dans des « institutions » qui, dans l’Angleterre de l’époque, n’étaient guère différentes des maisons de force. Le travail d’esclave, le sadisme, les tortures, parfois mortelles, s’y pratiquaient librement.
Lors des rééditions successives de ce roman, devenu un livre-culte parmi les jeunes, les responsables de la « Bonne Presse » crurent bon d’adapter et d’épurer le texte, jusqu’à le réécrire, massacrant l’intrigue ainsi que le style et le vocabulaire typiques de l’auteur. C’est malheureusement une version mutilée et écourtée qui a été traduite et proposée en 1986 à NéO qui le publia en toute bonne foi sous le titre Les Feux-follets de Satan.
Vous avez maintenant en main, grâce à l’Amicale Jean Ray et aux Éditions Terre de Brume, la traduction complète et scrupuleuse de la version originale qui vous permettra de découvrir cette œuvre au destin aussi surprenant que son contenu où se mêlent l’Histoire et le fantastique.
Ce texte est suivi de trois autres nouvelles : Les Gamins de Wapping, La Maison des ombres farouches et Les Juges malveillants de Fenwick.
Sous la signature de John Flanders, Jean Ray (1887-1964), un des maîtres incontestable du fantastique, auteur d’ouvrages célébrés et connus depuis des décennies, a laissé dans ses archives des dizaines de textes — romans, nouvelles, contes — que le public peut enfin bientôt découvrir dans cette nouvelle collection, « Les Inédits de Jean Ray/John Flanders ».