Théâtre
Le théâtre populaire breton, qui pouvait rassembler pendant plusieurs journées mille à deux mille spectateurs, dormant dans les granges et les fossés, participant à ces tragédies dont le texte avait été recopié le soir par des acteurs paysans, nous est d'abord connu par les recherches de François-Marie Luzel (1821-1895), le plus grand folkloriste de la Basse-Bretagne.
Passionné par ce qui était alors le genre majeur de la littérature orale, il ne s'est pas contenté de rassembler une centaine de manuscrits (qui se trouvent à présent pour la plupart à la Bibliothèque nationale) et de décrire les modalités des représentations, il a donné une édition de l'une des plus célèbres pièces populaires trégorroises, Sainte tryphine et le roi Arthur (Santez Trifina hag ar roue Arzur), tragédie bretonne en deux journées et huit actes.
Publié à trois cents exemplaires en 1863, ce volume était depuis longtemps devenu une rareté bibliophilique. Il était indispensable de lui donner sa place dans l'édition méthodique des œuvres de Luzel en cours aux Presses Universitaires de Rennes et aux éditions Terre de Brume depuis 1994 puisqu'il s'inscrit dans le prolongement du Journal de route et des Lettres de mission sur le théâtre qui ouvrent cette édition. Il était non moins indispensable de le rééditer en confrontant le travail de Luzel avec les manuscrits qui lui ont servi et en éclairant la pièce par une présentation du théâtre populaire breton tel qu'il a vécu jsqu'au XXe siècle malgré interdictions et excommunications.
Rééditer ce texte majeur du répertoire populaire n'est pas d'abord faire œuvre d'érudition mais rendre vie à ce théâtre perdu.
Né au manoir de Keramborn, François-Marie LUZEL se prend très tôt de passion pour le théâtre populaire joué depuis des siècles dans son Trégor natal. Ayant édité le 'mystère' de Sainte Tryphine et le roi Arthur, il obtient en 1864, grâce à l'intervention de Renan, une mission qui l'amène peu à peu à collecter l'essentiel du patrimoine de la littérature populaire bretonne, aussi bien dans le domaine du conte que du théâtre ou de la chanson : ainsi peut-il dire avoir fait pour la Bretagne ce que les frères Grimm ont fait pour l'Allemagne. Encore en bonne partie inédite, cette 'uvre d'une ampleur peu commune est à redécouvrir