Tome second
Les vingt contes recueillis dans ce volume constituent le second volet du manuscrit que nous avons publié sous le titre de Contes inédits tome premier. Il s’agit en effet de contes que Luzel avait préparé pour l’édition à la fin de sa vie. Le premier volume était achevé et avait été remis à un éditeur de Rennes qui avait tant tardé que le livre n’avait jamais pu voir le jour. Le deuxième volume, complément du précédent, était un manuscrit que Luzel aurait sans doute donné au même éditeur si le projet avait pu aboutir. Laissé en attente, il comporte des contes épars, certains d’entre eux collectés par la sœur de François-Marie Luzel, Perrine. Nous avons complété ce volume en lui adjoignant les textes de statut semblable, restés inédits dans les manuscrits de la Bibliothèque Municipale de Quimper.
C’est ce manuscrit en chantier, ce témoin d’un travail en faire, peut-être moins accompli que le manuscrit poli, revu, peaufiné pour l’édition, mais peut-être plus vrai aussi, plus captivant pour le lecteur moderne par son côté brut, que nous avons choisi pour analyser la “fabrique du conte” par Luzel : en donnant pour quelques textes la version première, prise dans le carnet de collectage en breton que nous avons retrouvé, de manière à permettre au lecteur de le comparer avec la version définitive du conte, nous espérons montrer le travail du collecteur, puis du folkloriste et de l’écrivain, tel que les données les plus concrètes nous permettent de le voir se faire.
Né au manoir de Keramborn, François-Marie LUZEL se prend très tôt de passion pour le théâtre populaire joué depuis des siècles dans son Trégor natal. Ayant édité le 'mystère' de Sainte Tryphine et le roi Arthur, il obtient en 1864, grâce à l'intervention de Renan, une mission qui l'amène peu à peu à collecter l'essentiel du patrimoine de la littérature populaire bretonne, aussi bien dans le domaine du conte que du théâtre ou de la chanson : ainsi peut-il dire avoir fait pour la Bretagne ce que les frères Grimm ont fait pour l'Allemagne. Encore en bonne partie inédite, cette 'uvre d'une ampleur peu commune est à redécouvrir