Mistral a dit des Provençaux qu’ils étaient “gallo-romains et gentilshommes”.
    Gentilshommes, personne n’en doute. Gallo-romains, c’est un peu vrai, mais Mistral ne savait sans doute pas que, quand la Pax Romana s’installa en Provence il y a bien longtemps déjà, ses habitants avaient été Ligures puis Phéniciens, Phocéens : Orientaux en somme, quelque peu Étrusques aussi, pour, après Carthage, devenir enfin Romains.
    Ce qui fait la première richesse de ces cultures, c’est le brassage de leurs idées religieuses. Elles sont toutes différentes et cependant toutes semblables, car leurs racines se nourrissent aux profondeurs de l’inconscient collectif, générateur de mythes immémoriaux.
    En Provence comme ailleurs, les mythes disparaîtront, chassés de la mémoire du peuple, obscurcis par la vigueur de la foi chrétienne.
    Ils se transformeront en légendes, en contes, en hagiographies, en folklore parfois. Ces débris ne sont pas morts, pour qui sait voir et comprendre. Le but de ce livre est de les faire revivre dans notre souvenir.