Décidément, l’auteur de La Légende de la Mort ne cesse de nous étonner et de nous séduire. Poète, conteur, folkloriste, c’est dans l’histoire qu’Anatole Le Braz puise cette fois son inspiration. Quatre de ces cinq longues nouvelles qui composent ce recueil ont en effet pour sujet ou toile de fond des événements d’histoire légendaire.
Nous y retrouvons des héros populaires dont certains furent très connus des chanteurs de complaintes, comme “La Charlézenn”, cette belle fille rousse, saine et pure comme un chêne, que la convoitise masculine accula au meurtre et à la mort. C’est encore le cas de Margéot, forban sans scrupule qui, pourtant, ne survécut pas au regard de sa dernière victime ; ou de ce terrible marquis de Guerrande, bâtard de Louis XIV, qui sema la terreur dans le pays de Plégat. Plus littéraire, “Histoire pascale” met en scène un bon prêtre réfractaire pris dans la tourmente de 1793. Sans présupposé historique, le dernier récit, “La Hache”, est construit comme une intrigue fantastico-policière.
Publiées pour la première fois en 1897, Vieilles Histoires du Pays breton comprenaient seize nouvelles qui furent scindées, après la mort de l’auteur, en deux volumes : Récits de passants que nous avons déjà publié et Vieilles Histoires du Pays breton.
Né dans une famille d'instituteurs publics, apôtre de l'idéal républicain, le collecteur de La Légende de la Mort a également été le disciple d'Ernest Renan et de François-Marie Luzel, l'ami de Lucien Herr, de Victor Basch, de Maxime Maufra, de John Millington Synge ainsi que du Président irlandais, Douglas Hyde. Conférencier de l'Alliance française aux États-Unis et au Canada, il s'est insurgé très tôt contre la politique d'étouffement de la langue bretonne. Féministe convaincu, véritable père fondateur du Mouvement breton dès 1898, il a toujours privilégié la plus large ouverture possible sur le monde, conjuguée à l'obsession constante de l'Au-delà et de l'Ailleurs.