C'est une évidence, en Bretagne mieux vaut s'adresser aux saints qu'à Dieu. Saints coléreux et bricoleurs, saintes roublardes ou jalouses, innombrables Vierges Marie… Venus d'Outre Manche au Ve siècle, les vieux thaumaturges bretons surent inspirer une fervente piété populaire qui fleure bon le paganisme.
Saint "Tu-pé-du", saint Ké, saint Hernin… pour être souvent absent du calendrier officiel chacun avait encore au siècle dernier sa chapelle et ses légendes que les vieilles personnes du cru contaient ou chantaient avec une émouvante sincérité.
D'oratoire en sanctuaire, de légende en complainte, Anatole Le Braz nous entraîne à sa suite dans un tour de Bretagne, un Tro-Breiz jalonné d'étapes aussi étonnantes que divertissantes.
Fruits d'une enquête entreprise de 1892 à 1895, Les Saints bretons d'après la tradition populaire parurent dans une revue en épisodes qui ne furent jamais édités dans leur intégralité. C'est aujourd'hui chose faite.
Né dans une famille d'instituteurs publics, apôtre de l'idéal républicain, le collecteur de La Légende de la Mort a également été le disciple d'Ernest Renan et de François-Marie Luzel, l'ami de Lucien Herr, de Victor Basch, de Maxime Maufra, de John Millington Synge ainsi que du Président irlandais, Douglas Hyde. Conférencier de l'Alliance française aux États-Unis et au Canada, il s'est insurgé très tôt contre la politique d'étouffement de la langue bretonne. Féministe convaincu, véritable père fondateur du Mouvement breton dès 1898, il a toujours privilégié la plus large ouverture possible sur le monde, conjuguée à l'obsession constante de l'Au-delà et de l'Ailleurs.