“Un magicien du style” s’exclame en 1935 la fille d’Anatole Le Braz et première éditrice de ce livre consacré à Belle-Île et à Sein. Écrites n’importe où, n’importe quand, et souvent dans des conditions d’inconfort extrême, ces pages magnifiques n’étaient en effet pas destinées à être publiées telles quelles. Des portraits finement esquissés, une peinture des lieux digne d’un aquarelliste des mots, et des descriptions époustouflantes de paysages maritimes qui forcent l’admiration de sa fille et la nôtre… prises sur le vif et restées à l’état de manuscrit, ces notes de voyage sont du beau Le Braz.
Rédigées dans la remarquable prose poétique que nous lui connaissons, elles nous montrent encore l’observateur et le collecteur des traditions populaires au travail. Brièvement transcrites ici, celles-ci apparaîtront sous une forme aboutie dans des textes ultérieurs que nous reportons en annexes. Présentée, complétée et annotée, cette nouvelle édition des Îles bretonnes permettra au lecteur de retrouver l’homme, le poète et le folkloriste dans toute sa puissance créatrice : “Un magicien du style” !
Né dans une famille d'instituteurs publics, apôtre de l'idéal républicain, le collecteur de La Légende de la Mort a également été le disciple d'Ernest Renan et de François-Marie Luzel, l'ami de Lucien Herr, de Victor Basch, de Maxime Maufra, de John Millington Synge ainsi que du Président irlandais, Douglas Hyde. Conférencier de l'Alliance française aux États-Unis et au Canada, il s'est insurgé très tôt contre la politique d'étouffement de la langue bretonne. Féministe convaincu, véritable père fondateur du Mouvement breton dès 1898, il a toujours privilégié la plus large ouverture possible sur le monde, conjuguée à l'obsession constante de l'Au-delà et de l'Ailleurs.