Charles Le Goffic prend ici sa plume la plus belle pour nous entretenir des nuances qui séparaient jadis, au cœur de la Bretagne, “l’Argoader, ou habitant du Bocage, de l’Armoriad, ou habitant de la Côte”. “L’Armoriad traitait l’Argoader de Jean le Veau et de mangeur de panais, et l’Argoader, pour n’être pas en reste avec l’Armoriad, l’appelait tête de sardine, gibier de grand-vergue et pot à brai… Les relations n’en étaient pas facilitées. Le fait est que, dans la vie, chacun tirait de son bord et prenait le contre-pied de l’autre : quand l’Argoader votait blanc, l’Armoriad votait rouge, et réciproquement.”
Mais tout ceci n’est vraiment que querelles de clochers et les histoires que l’auteur a ici regroupées montrent, s’il en est besoin, que tous ne sont que fils de la même mère et de la même terre.
Charles Le Goffic hérita tôt de son père, libraire-imprimeur, le goût des lettres. Ayant obtenu son agrégation, il entreprit d'abord une carrière dans l'enseignement, en poste successivement à Gap, à Évreux, à Nevers, puis au Havre. En 1886, il fonda avec Maurice Barrès une revue littéraire, Les Chroniques, puis fit publier plusieurs recueils de poésie et des romans. Amoureux de sa Bretagne natale, Charles Le Goffic la célébra à travers toute son 'uvre. Il fut élu à l'Académie française le 22 mai 1930, au fauteuil de François de Curel. Fatigué par ses nouvelles obligations officielles, ne devait survivre en effet que quelques mois à sa réception officielle, puisqu'il disparut le 12 février 1932.