Oublié dans une revue depuis longtemps disparue, Un Coin breton retrace l'aventure d'une redécouverte : celle d'un petit village du Trégor côtier qu'Anatole Le Braz avait si bien connu dans sa jeunesse : Port-Blanc.
Lorsqu'en 1891, il décide de s'y installer pour l'été, c'est évidemment dans l'intention d'y recueillir des traditions populaires. Mais le folkloriste est aussi un enfant du pays qui effectue son "retour aux sources", non sans appréhension et nostalgie. Avec une aisance de feuilletoniste confirmé, il nous entraîne à sa suite dans son expérience de collecteur qui ne peut se résoudre à porter sur ces humbles habitants le regard froid du savant. Telle une caméra, son œil nous conduit de l'extérieur à l'intérieur de ce "coin breton"… jusqu'au cœur du conte. Descriptions, portraits, souvenirs personnels, références historiques, chants et contes y alternent pour traduire toute l'âme de la Bretagne profonde… Une technique de "récit subjectif" dont il ne se départira pas et qui fera le bonheur du lecteur.
Né dans une famille d'instituteurs publics, apôtre de l'idéal républicain, le collecteur de La Légende de la Mort a également été le disciple d'Ernest Renan et de François-Marie Luzel, l'ami de Lucien Herr, de Victor Basch, de Maxime Maufra, de John Millington Synge ainsi que du Président irlandais, Douglas Hyde. Conférencier de l'Alliance française aux États-Unis et au Canada, il s'est insurgé très tôt contre la politique d'étouffement de la langue bretonne. Féministe convaincu, véritable père fondateur du Mouvement breton dès 1898, il a toujours privilégié la plus large ouverture possible sur le monde, conjuguée à l'obsession constante de l'Au-delà et de l'Ailleurs.