Récit
C’est à l’extrême ouest de l’Irlande, au large de Connemara, que sont ancrées les Îles Aran — Inis Mór, Inis Meáin et Inis Oírr —, îlots rocheux qui gardent la baie de Galway et préservent, depuis la nuit des temps la tradition gaélique.
C’est ici que John Millington Synge séjourna, de longs mois durant, entre 1898 et 1902, partageant la vie des pêcheurs, parlant avec eux le gaélique, saisissant la musicalité des phrases et la richesse imagée de leur langage, collectant histoires, légendes et chants, au cœur de paysages amples et nus, battus par les vents et l’océan.
Mais c’est surtout là qu’il connut, après avoir tant hésité à tous les carrefours de la littérature, la révélation de son art: il devait être simple et puissant comme l’âme de tous ceux qu’il rencontra sur ces îles d’un autre âge, faisant sien ce que Liam O’Flaherty écrivit bien plus tard : « cette île […] paraît un endroit béni du ciel, parce qu’elle a survécu à tous les changements qui ont bouleversé l’Europe. »
Les Îles Aran, plus qu’un récit de voyage, est avant tout une lettre d’amour à l’Irlande.
Issu d'une famille de riches propriétaires terriens du Wicklow, John Millington Synge (1871-1909) s'est très vite opposé à ce milieu. Auteur de la pièce qui scandalisa l'Irlande bien pensante, Le Baladin du Monde occidental, il n'a cessé durant toute sa vie d'écrivain de raconter l'Histoire et les histoires des petites gens de l'extrême Ouest gaélique. Il est aujourd'hui considéré comme un des plus grands écrivains irlandais, aux côtés de William Butler Yeats, James Joyce ou Georges Bernard Shaw.