En 1906 naissait à Botmeur, en Finistère, dans une famille des plus modestes, Fañch Abgrall.
    Le destin le vouait davantage à devenir un pillawer — l’un de ces chiffonniers qui parcouraient la région — qu’à rejoindre le Gorsedd de Bretagne. Pourtant Fañch Abgrall allait traverser l’Olympe de la littérature comme une étoile filante.
En quelques années, au sortir du collège, il devient correspondant de plusieurs journaux : Le Petit Breton, La Dépêche de Brest ou encore Ouest-Éclair, sans abandonner l’idée de connaître la gloire comme auteur à part entière. En 1928, il publie Alan Kerven, roman “campagnard”, peinture de la Bretagne paysanne de l’après grande guerre. La même année, le Collège des Druides, Bardes et Ovates d’Armorique le reçoit en son sein sous le nom de Alc’houeder Arre ‘l’Alouette de l’Arrée).
    L’avenir semble lui sourire, mais l’Ankou qui rôde dans les marais du Yeun en a décidé autrement. L 11 mars 1930, le poète se tait à jamais, emporté par la maladie contre laquelle il luttait depuis dix années.
    Trois ans après sa mort, un recueil reprenant quelques-uns de ses poèmes est publié sous le titre de Luc’hed Ha Moged, ‘Éclairs et fumée), suivi de Et moi aussi, j’ai eu vingt ans ! Ce texte n’est pas seulement une autobiographie inspirée, c’est également un témoignage poignant et irremplaçable sur la vie quotidienne au début du siècle, dans l’une des régions les plus rudes de Bretagne, le Yeun Elez, aux confins des Monts d’Arrée.
Si la plume de Fañch Abgrall s’est nourrie de cette tradition, elle témoigne aussi de la vie d’un jeune homme emporté par le vent de l’histoire et par la mutation économique et culturelle de sa terre de naissance.

Introuvable pendant soixante-dix ans, c’est l’œuvre intégrale de Fañch Abgrall qui est rééditée aujourd’hui.